1961, l'année de naissance de Boom Boom
1961, l'année de naissance de Boom Boom
Du lourd aujourd'hui avec le boogie man.
Je ne vais pas vous raconter en détails sa vie son oeuvre mais vous donner quelques repères, titres et cd importants. Il est né entre 1917 et 1920, à Clarksdale, Mississippi de Minnie Ramsey et William Hooker, un prédicateur véhément dont il héritera sans doute le goût d'un chant scandé et parfois déclamatoire, en tout cas envoûtant.
Malgré un bégaiement chronique, il chante du gospel à l'église et grattouille une vieille guitare à trois cordes laissée par un amant éconduit de sa soeur Alice.
Après le départ de son père, Will Moore, un travailleur itinérant et surtout musicien s'installe à la maison. Ce gars se produit un peu partout sur toutes les scènes du coin et montre à John Lee ce qu'est le blues, en lui apprenant par exemple des titres de Charley Patton.
Né le 16 septembre 1935 à Chicago, Billy a joué un rôle clé dans le développement à la fois du Chicago blues et dans les débuts du rock'n'roll.
Il a pris ses premières leçons d'harmonica avec le premier Sonny Boy.
Billy fut un membre important de l'orchestre original de Bo Diddley et, plus tard, une star à part entière avec des enregistrements marquants pour le label Vee Jay, entre 1955 et 1957. Les disques de Billy et ses compositions originales ont fait de lui une figure essentielle dans le monde du blues ; ses chansons ont été reprises par des groupes anglais dans les années 60 comme les yardbirds et les Animals (I ain't got you et I wish you would). Il est également un styliste de l'harmonica qui a choisi de s'en tenir au vibrato ''wah wah'' frétillant de Sonny Boy même après que le style de Little Walter ''Saxophone de la Louisiane'' soit devenu dominant à Chicago.
Alors comment se fait-il que le nom de Billy Boy Arnold ne nous soit pas plus familier ? Pourquoi n'a t' il pas pu transformer l'adulation des jeunes britanniques en une solide carrière d'auteur compositeur interprète ? Pourquoi est-ce qu'il n'a commencé à être reconnu que sur le tard ?
Bien que sa famille soit de Géorgie, Billy est né à Chicago en 1935. Il a grandi em même temps que le postwar blues dans la cité. En tant que natif de Chicago, Billy n'avait pas de bagages amenés du Sud à adapter aux demandes d'un environnement urbain. Son modèle à l'harmonica était et restera Sonny Boy Williamson 1. C'est ce dernier qui montra à un Billy de douze ans admiratif comment ''étouffer l'harmonica'' ainsi que les avantages à utiliser les harmonicas Marine band.
Leurs rencontres furent peu nombreuses malgré tout, et Williamson, dont la renommée et la popularité n'avait aucun égal parmi les bluesmen à la fin des années 40, mourut de façon violente.
Ceci ne détourna pas Billy de sa passion pour le blues (il connaissait la plupart des enregistrements de Sonny Boy par cœur) et ses créateurs.
L'adolescent Billy était grand pour son âge mais avec un visage de gamin. En compagnie de musiciens plus âgés comme Louis Myers, il se mit à fréquenter les clubs de blues pour durs à cuire comme le Sylvio à Oakley et Lake Streets. Là il découvrit des maîtres du blues comme JB Lenoir, Little Walter, Jimmy Rogers, Robert Lockwood et Johnny Jones. Les premiers contrats rémunérés de Billy furent une série de soirées auprès de vétérans tels que Johnny Temple, Johnny Shines et un tout jeune Otis Rush.
Une rencontre fortuite amena Billy à s 'associer avec le guitariste Ellas McDaniel qui sera connu plus tard sous le nom de Bo Diddley. Fin 1954, Billy rejoignait l'orchestre de Bo et se produisait dans la rue. Leur collaboration fut fructueuse ; l'électronicien amateur qu'était Bo fabriqua le premier ampli de Billy (à partir d'une caisse d'oranges) et Arnold écrivit le titre qui deviendrait plus tard Diddley Daddy, une des œuvres archétypales de Bo. Billy était un apport rythmique capital à la formation de ce qui serait connu comme le ''Bo Diddley beat'' ; ses phrases d'harmonica dans les stop time un magnifique soutien rythmique.
Le groupe retint l'attention de Leonard Chess et ils enregistrèrent I'm a manet Bo Diddley en Février 1955.( deux titres sous la houlette de Arnold furent aussi enregistrées mais restèrent inédites jusqu'à l'incorporation de l'un des deux dans la Chess Blues Box chez MCA. Une mésentente (''Léonard ne t'aime pas'' avait dit Bo à Billy) envoya Arnold de l'autre côté de la rue chez Vee Jay pour signer son propre contrat d'enregistrement. Ce qui en résulta fit une star du jeune Billy Boy (surnom donné par le label) dans le South Side de Chicago .
Il partageait les sommets avec Howlin' Wolf, Junior Wells, Little Walter et d'autres légendes à la fin des années 50 dans des clubs comme le McKie's Lounge, le Club Columbia et le Rock'n'Roll Lounge. Les titres de cette époque ont été rassemblés sur I wish you would chez Charly.
Attention cette photo est celle d'une compil, pas celle du disque cité.
Après la faillite de Vee Jay Arnold continua à bosser comme un habitué de la scène de Chicago dans les années 60 mais s'aventura rarement au-dehors pour se produire.
En Décembre 1963 sort l'album More Blues on the South Side avec le guitariste Mighty Joe Young.
Billy ne se rendit en Europe qu'à partir de 1974 et la musique n'était alors qu'un passe temps. Pour gagner sa vie il a eu plusieurs jobs, agent de surveillance, chauffeur de bus et pour l'état de l'Illinois conseiller pour les femmes libérées sur parole qui ont forcément freiné ses ambitions artistiques.
En 1977 il participa à une session d'enregistrement avec les Groundhogs de Tony McPhee(et un certain Wilgar Campbell ancien Rory Gallagher à la batterie) qui ne sortira que bien plus tard.
Dans les années 80, il n'enregistre guère mais grave un album en 1980 intitulé Live at The Venue avec encore Wilgar Campbell à la batterie et en 1984 en France chez Black and Blue,
Ten Million Dollars.
En 1992 il grave Consolidated Mojo qui ne sortira qu'en 2000 avec un tout jeune Rusty Zinn à la guitare ; les 14 titres ont été enregistré en une seule session de huit heures sans aucune retouche au sortir d'une tournée ce qui donne cette impression d'urgence et de live au disque.
En 1993 il enregistrait Back where I belong chez Alligator qui le remettait enfin au premier rang.
Puis Eldorado Cadillac qui serait également une réussite.
En 2001 c'est Boogie'n'Shuffle chez Stony Plain qui présentait un Arnold en pleine forme accompagné par l'infatigable Duke Robillard et son groupe.
En 2008 il rendait hommage à son maître dans un album intitulé Billy Boy sings Sonny Boy.
Une vidéo live en 2010 autrement dit il a 75 ans là!!!!!!!
Mais avant tout un rappel, le 8 juin super soirée blues à Vitrolles (Fontblanche) avec le trio Mercy et un peu de Pilogue.
Il faudra impérativement réserver car le lieu est de taille modeste; de toutes façons il vaut mieux un petit lieu actif qu'un gros lieu fainéant...
Pour Mercy plus d'infos ici link
Pour réserver 06.85.75.43.23 / rene.agarrat@wanadoo.fr
Gatemouth est (était en fait) un trésor national pour les USA. Bien que surtout connu comme un magicien de la guitare, il était aussi à l'aise sur le violon et pouvait jouer avec assurance du piano, de l'harmonica et de la batterie.
Avec quelques autres comme BB King et Honeyboy Edwards, il était le lien vivant avec l'époque du country blues d'avant la deuxième guerre mondiale.
Né le 18 avril 1924 à Venton, en Louisiane, Gate partit pour Orange, Texas, quand il n'était qu'un bébé. En grandissant, il absorba les différentes strates musicales de cet état qui comprennent le blues, la country et western, la musique cajun et le jazz version swing. Son histoire est aussi commune chez les bluesmen que les puces sur un chien, il trouva le mentor nécessaire en la personne de son père qui jouait du violon, du banjo, de la mandoline et de la guitare. Gate débuta la guitare à l'âge de cinq ans et le violon à 10, tout en convoitant la batterie de son frangin. En fait, son premier contrat sera en tant que batteur, et à 16 ans il était déjà sur la route avec William M. Bimbo and his Brownskin Models.
Après avoir servi avec les honneurs pendant la seconde guerre mondiale, Gate revint au Texas pour s'établir à San Antonio où il rejoignit l'orchestre de 23 musiciens de Hort Hudge.. Quand il réalisa comment T Bone Walker secouait les foules avec sa guitare électrique, il s'en dégota une et commença à reproduire les plans en single notes de T Bone. La première rencontre entre Gate et T Bone est devenue une part de la légende du blues ; apparemment Gate s'est rendu à Houston où T Bone avait ses habitudes au Bronze Peacock, un club appartenant au fameux Don Robey. En arrivant, Gate vit que T Bone avait quitté la scène car il était malade, en laissant sa guitare. En un éclair, il bondit sur scène, s'empara de la guitare et démarra un boogie improvisé. L'accueil du public fut si bruyant que T Bone sortit de son lit de douleur pour voir quelle était la cause de ce vacarme. Surprenant Gate avec son instrument, il sauta sur scène, réclamant son instrument et la place qui lui revenait de droit. Le dynamique T Bone, jamais tendre quand il s'agissait de défendre son job, menaça Gate et l'envoya se faire voir ailleurs. Des années plus tard, ils deviendraient des rivaux amicaux, engageant souvent une épique ''bataille des guitares blues''.
L'impact de Gate sur le public du club, plus son évidente dextérité, ne fut pas perdu pour Robey. Rapidement, il acheta à Gate une nouvelle Gibson archtop, de beaux habits et un billet d'avion pour Los Angeles afin qu'il enregistre pour Aladdin Records. Bien que quatre titres fussent gravés, Robey devint impatient avec le label californien et mit fin au contrat avec eux au bout d'un an, préférant démarrer son propre label, qu'il nomma Peacock Records, comme son club.
Les enregistrements pour Peacok de Gate sont le germe de sa carrière et couvrent les années 1949 à 1961 ; Alors que les shuffles bondissants et les ballades blues montrent clairement l'influence de Tbone, les faces Peacock ont une énergie et une sauvagerie qui continuent à étonner même aujourd'hui. Le phrasé de Gate est certes dans la veine de Tbone, mais le son est plus distordu et viscéral, et il a un vrai talent pour les boogies. Ses orchestres sont souvent très fournis et peuvent riffer comme les orchestres de Kansas City et Count Basie, jouant souvent au call and response(questions réponses) avec la guitare.
gate rend hommage à Led Zep, le monde à l'envers!
Ne souhaitant pas être cantonné au rôle de musicien de blues, Gate quitta Robey en 1961. En 1965, il alla à Nashville enregistrer un mix de country, jazz et blues. Depuis lors, ses enregistrements ont sans cesse démontré son éclectisme. Il a joué et enregistré avec des artistes aussi divers que Roy Clark et la chanteuse de rock Michelle Shocked. Ses récentes productions chez Rounder et Alligator sont aussi excitantes et pertinentes aujourd'hui que ses disques Peacock le furent dans l'immédiat après-guerre.
Grand et dégingandé, Gatemouth Brown était un homme fier et indépendant qui a eu des hauts et des bas au cours de sa carrière. Il protestait contre des termes restrictifs d'après lui de blues, jazz et country, préférant appeler ce qu'il faisait de la ''musique Américaine''. Ses concerts présentaient souvent un de ses classiques slow blues comme 'Dirty work at the crossroads'', sa version du titre de Duke Ellington ''take the A train'' et un titre bluegrass fulgurant au violon. De plus il terminait ses sets par un boogie effréné, à un vitesse délirante qui laissait ses musiciens les plus jeunes sur les rotules.
Un an avant sa mort papy groovait comme un dingue à Montreux
En 2005, on lui diagnostiqua un cancer des poumons en phase terminale ; fidéle à sa nature, il refusa le traitement et joua le plus longtemps possible ; malheureusement il devait décéder le 10 septembre de la même année à l'âge de 81 ans.
Discographie
Atomic Energy, sur Itunes
Okie dokie stomp Amazon
Alright again itunes et amazon
real life amazon
pressure cooker amazon
standing my ground Itunes et amazon
article écrit d'après le livre Inside the blues de Dave Rubin
Tout d'abord un rappel; c'est vendredi 27 avril à 18h30 à la médiathèque George sand à Vitrolles qu'a lieu la conférence ''De jazz en pages'' animée par Philippe Fréchet et organisée par l'Arbre à Palabres.
Il évoquera les relations entretenues depuis presque cent ans entre la littérature (française, mais aussi étrangère) et cette étrange musique qu’on appelle le « jazz ».
rens 06.85.75.43.23 / rene.agarrat@wanadoo.fr
Ensuite notez sur vos agendas la date du vendredi 08 juin à Fontblanche, le super groupe de blues Mercy en concert, j'y serai pour présenter la soirée et voir Mercy par la même occasion, Jean-Paul Avellaneda le guitariste chanteur étant un copain de longue date.
Plus de précisons sur cette soirée dans un prochain article.
Place maintenant à un grand monsieur...
Et voilà, il fallait bien que çà arrive un jour, un article sur TBone Walker, un de mes guitaristes favoris.
Et tout de suite du live
T.Bone Walker ne s'est pas contenté d'être à l'origine d'une forme de blues-à savoir le blues californien-: il a exercé son rôle de novateur dans bien d'autres domaines. Ainsi, il peut être considéré à la fois comme le premier bluesman moderne, un fabuleux virtuose de la guitare, un excellent compositeur, l'un des tout premiers ambassadeurs du blues en Europe et, enfin celui qui a su mêler le blues souvent qualifié de primitif au jazz c'est à dire une musique passant pour être intellectuelle et sophistiquée.
Avant l'introduction de la guitare électrique, la guitare n'était pas vraiment un instrument efficace pour jouer en soliste au sein d'orchestres, si réduits soient-ils.
Dans les années 30, des instruments avec des caisses de résonance plus larges firent leur apparition au sein des orchestres de jazz et on pouvait les utiliser pour jouer des rythmiques, avec un médiator et en jouant en accords; pour les mélodies il fallait un micro et même alors les cuivres avaient tendance à ''bouffer'' la pauvre guitare.
Durant les années 30, de nombreux guitaristes firent des expériences avec des guitares électriques; Parmi les premiers, on peut citer Les Paul Eddie Durham.
En 1939, Charlie Christian jouait électrique et il était le premier merveilleux jazzman à le faire.
Fils unique, Aaron Tibeaux Walker est né à Linden, Texas, le 28 mai 1910.
Sa mère chantait le blues à la maison et le gospel à l'église. Son père était un sharecropper, mais sa mère s'est remariée à un homme qui était habile sur plusieurs instruments et passa sons avoir à son beau-fils, l'encourageant à devenir professionnel.
T Bone étudie la guitare dès 13ans puis le ukulélé, le banjo, le violon, la mandoline et enfin le piano, ce qui lui permettra de rentrer dans l'orchestre familial.
Il se passionne pour le blues et en particulier pour Blind Lemon Jefferson qui était un ami de la famille. Il le guidait dans les environs pour qu'il puisse se produire dans les rues et gagner sa vie.
Avec un tel professeur (qui venait tous les dimanche), il progresse rapidement à la guitare et au chant si bien qu'en 1924 il entre comme chanteur et danseur dans un Medicine Show qui tourne dans tout le Texas puis deux ans plus tard dans l'orchestre de la Classic Blues Singer, Ida Cox comme joueur de banjo.
En 1929 et toujours à Dallas, il enregistre ses premiers titres pour Columbia sous le nom de Oak Cliff T;Bone: Trinity Blues et Wichita Falls blues qui seront un cuisant échec commercial... A tel point qu'il attendra la fin des années 30 pour retourner en studio.
Il intègre différentes formations de jazz puis rencontre Charlie Christian en 1933 avec qui il fait souvent le boeuf.
Après avoir joué avec Ma Rainey il quitte Dallas pour Los Angelès en 1934. Il s'y marie en 1935 avec Vida Lee qui devient son impresario. Il adopte la guitare électrique.
T.Bone va alors pouvoir développer son style, c'est à dire ces fameuses single notes qui l'emmèneront à la postérité des bluesmen.
Il a une bonne réputation à L.A mais ne connaîtra la consécration qu'après avoir intégré la formation de Lee Hite en 1940 et enregistré T.Bone Blues à New York quelques mois plus tard, mais comme chanteur.
Le 20 juillet 1942, dans un enregistrement à Hollywood pour le Big band de Freddie Slack, alors qu'il n'était là que comme guitariste rythmique, on lui a laissé la chance d'entrer sous les projecteurs pour deux titres de blues, et en quelques minutes il allait redéfinir le son du blues à tout jamais. Les deux chansons qu'il enregistre ce jour là, le brillant I Got A break baby et le classique Mean Old World, présentaient le style nouveau et pourtant déjà pleinement élaboré de T Bone, au sein duquel il répondait à son chant plein de soul par des lignes de guitare électrique acérées et teintées de jazz.
Ce furent les premiers enregistrements de blues importants à la guitare électrique et en les prolongeant à la fin des années 40 par des douzaines d'autres futurs classiques, il devint une énorme influence pour d'innombrables bluesmen, et à travers eux pour le rock'n'roll.
Les ventes de disques étant stoppées pendant la guerre, ce n'est qu'après que sa carrière décolle et qu'il collectionne les hits.
Mean Old World, Call it Stormy Monday, She's my old time used to be, T.Bone Shuffle etc...
Standard des standards du blues Call it Stormy Monday sera repris par de nombreux artistes souvent sous le titre de Stormy Monday Blues, à savoir Albert King, Lou Rawls, James Cotton, Kenny Burrell, Bobby bland, Eric Clapton, Gary Moore, Jimmy Witherspoon, Pilogue et bien d'autres.
Les années 50 verront une production toujours de très haut niveau avec entre autres les collaborations de Barney Kessel, de Junior wells et Jimmy Rogers; Glamour Girl, Strolling with bones, Alimony Blues, High Society, Evening...
Suite à un ulcère et à l'ablation des deux tiers de son estomac, il se reposera un temps à LA mais viendra à plusieurs reprises en Europe avec L'American Folk Blues Festival(62,66 et 68).
Il enregistrera en France avec entre autres Manu Dibango.
Atteint de tuberculose il fera ses dernières apparitions au Nixon Theatre de Pittsburgh en 1974 avant de décéder en 1975 des suites d'une broncho-pneumonie.
Une dernière vidéo justement extraite de L'American Folk Blues Festival
Loin de moi l'idée de vous retracer la vie et l'oeuvre (immense) d'Albert King mais pour ceux qui ne sont pas spécialistes du blues voici quelques éléments et anecdotes pour saisir la place du bonhomme dans l'histoire de cette musique.
Il est né à Indianola dans le Mississippi le 25 avril 1923 et est mort le 21 décembre 1992 à Memphis, d'une crise cardiaque après un dernier concert deux jours avant.
Donc bonne année à tous.
Je souhaite à tous et toutes une bonne santé, une année pleine de bonheur et de surprises agréables.
Aujoud'hui, je vais évoquer un très grand Monsieur du blues électrique, Albert Collins.
Né le 03 octobre 1932 à Leona au Texas, il est décédé Las Vegas le 24 novembre 1993 des suites d'un cancer.
Ce grand (au propre et au figuré) guitariste jouait en open tuning de rém (pour les connaisseurs) et positionnait son capodastre entre la case 5 et 9 de sa télécaster.
De fait il n'utilisait qu'une petite partie du manche, difficile pourtant de trouver son jeu limité !
Il portait sa guitare avec la sangle en bandoulière sur l'épaule droite et jouait sans médiator utilisant ses doigts pour travailler son ''Ice Picking''.
Il proposait un blues teinté de soul et de funk parsemé de nombreux instrumentaux car il se considérait comme un guitariste plus qu'un chanteur (après avoir débuté au piano).
Accompagné de cuivres et d'un orgue hammond dont il adorait les sonorités, il adorait descendre dans la salle avec un jack de 30m et il lui arrivait même de sortir de la salle pour faire le bœuf avec un passant dans la rue au grand malheur de ses musiciens qui devaient faire tourner la machine pendant ce temps.
On le voit même quitter une salle de concert (Biddy Mulligan’s à Chicago) tout en continuant de jouer, monter à bord d’un autobus de la ville qui fait un arrêt en face du club, s’asseoir pour exécuter un petit solo. Le chauffeur, époustouflé, immobilise son bus le temps que Collins finisse cet impromptu… et regagne la scène.
Un autre tantôt, toujours en jouant un solo hypnotiseur, il emprunte un corridor et disparaît. Mais on l’entend encore. Il revient sur scène et, quelques minutes plus tard, un livreur arrive avec une grosse pizza. Grâce à un passage adjacent, il avait rejoint une pizzeria et passé sa commande, tout en jouant, avant de rejoindre son band pour finir la chanson. C’était au Antone’s Austin Home of the Blues, au Texas.
http://exruefrontenac.com/spectacles/blues/22315-blues-albert-collins
Ici avec Duke Robillard (le complice d'Al basile entre autres) et Debbie Davies dont il sera question un peu plus loin.
Albert fait encore partie, presque vingt ans après son décès, des musiciens exceptionnels nantis d'une personnalité forte, dont on reconnait immédiatement la patte dès les premières notes. A cet effet, Gary Moore à qui un journaliste demandait s'il n'était pas trop difficile, pour un guitariste comme lui, de jouer avec un guitariste de Blues à la technique limitée, répondit sèchement à peu près dans ces termes : "La technique n'a strictement rien à voir ! Toute la technique du monde ne m'aiderait pas à atteindre le feeling que peut dégager un artiste tel que Collins. On peut acquérir de la technique, jouer très vite, mais ce n'est pas ce qui permet d'acquérir le feeling. (.../...) Comment peut-on penser de telles choses ?"
C'est après avoir vu Gatemouth jouer sur une Fender Esquire qu'il adoptera ce modèle, auquel il rajouta un Humbucker en position manche (L'Esquire est une Telecaster avec un seul micro, simple mais puissant, placé en position chevalet). A cette époque, très peu de bluesmen utilisaient ces modèles généralement assimilés à la Country.
Vous pouvez vous la procurer ici (attention çà douille!) link
Le diapason étant raccourci par le capodastre, les notes perdent en sustain, au profit d'un son plus sec et claquant. Le style est nerveux et cinglant, avec une puissance sous-jacente. Un sustain travaillé aux doigts, en triturant avec force et vivacité ses cordes (bend, vibrato). D'où un jeu inimitable donnant une impression de puissance naturelle (pas d'autre effet qu'un peu de réverbe de l'ampli) et de vitalité, qui font penser à un diable coquin sorti de sa boîte. Collins avait fait remplacer le micro manche par un Humbucker pour avoir plus de puissance, et réduire les fréquences parasites. La voix n'est pas en reste. S'il n'est pas à proprement parler un de ces fameux blues-shouters (il a d'ailleurs longtemps hésité à chanter), si son registre est certes un peu limité, la force, la conviction et la sincérité qu'il met dans son chant profond, grave, légèrement éraillé et chaleureux, permettent de séduire aisément l'auditeur le plus pointilleux.
http://ledeblocnot.blogspot.com/2011/11/albert-collins-collins-mix-1993-by.html
Albert faisait partie aussi de ces ''passeurs'' du blues qui n'étaient jamais avares de conseils ou de coups de pouce pour la jeune génération.
Voici quelques témoignages extraits de l'ouvrage ''Children of the blues'' de Art Tipaldi (en anglais).
Tout d'abord Ronnie Baker Brooks, fils de Lonnie Brooks et très bon bluesman lui-même : ''Je me souviens d'Albert comme d'un membre de la famille.Après mon père, il est sans doure le seul autre gars qui m'aie vraiment, vraiment touché. D'autres musiciens m'ont impressionné, mais Albert m'a donné cette étincelle qui m'a mené un cran plus haut. Mon père m'avait formé et donné l'envie, Albert m'a donné la confiance en moi.
Ronnie a sa propre histoire de headcuttin' avec Albert (les headcutters, les coupeurs de tête, c'était à l'origine l'équipe de Muddy Waters qui se produisait dans les clubs de Chicago comme invités et qui prenaient ensuite le contrat avec le club de leur hôte car ils étaient meilleurs, le terme est resté pour des joutes entre musiciens).
Il avait toujours voulu faire le bœuf avec Albert mais n'en avait jamais eu le courage. Un jour, invité par le pianiste il joue aux dés backstage avec toute l'équipe, d'abord pour des médiators puis pour de l'argent et pique ainsi pas mal d'oseille à Albert ;
A la fin du show Albert l'invite sur scène pendant qu'il joue son célèbre instrumental et lui dit, vas-y frèrot, envoie ton solo. Ronnie raconte qu'il donne tout ce qu'il a puis Albert arrive, joue une seule note (mais quelle note) et le cloue au pilori comme un guitariste à deux balles qu'il devenait pour tout le monde. Ronnie le regarde et voit dans ses yeux ''Je t'ai eu !''
Après le concert Albert vient le voir et lui dit ''Tu comprends, petit, quelqu'un devait te remettre à ta place, tu m'avais piqué tout mon fric !''.
Sherman Robertson ''Quand j'avais 12 ans Albert jouait à deux pâtés de maison de chez moi, un club appelé Walter's Lounge. J'y allais en vélo le dimanche et je collais mon oreille contre les murs pour l'écouter. Il avait déjà cette télécaster qui sonnait comme elle a toujours sonné. Il m'a laissé taper le bœuf quand j'avais 13 ans.
Albert avait une façon bien à lui de partager la scène ; Il vous invitait, vous laissait jouer tout votre solo puis revenait devant et vous désintégrait en quelques notes !
Sa fameuse phrase ''take your time, son'' (prends ton temps fiston) était vraiment un grand conseil et je ne me suis mis à bien jouer que quand j'ai su le mettre en pratique. Quand j'ai commencé à jouer, la vitesse était le truc, tout le monde voulait jouer à fond les manettes. Puis j'ai entendu ''take your time son'' ; ce qu'il essayait de dire c'était prends ton temps sinon tu vas vite brûler. Cela prend des années pour trouver les bonnes notes. Il m'a fallu plus de 15 ans pour comprendre qu'il n'en fallait que deux ou trois mais placées au bon moment.
Jimmie Vaughan : ''Je me souviens de son honnêteté dans son jeu. Il était un gars adorable au civil. Mais sur scène, il pouvait te massacrer sans que tu n'aies la moindre chance. Albert t'apprenait par l'exemple. Il te laissait t'exprimer, mais quand il attaquait son solo c'en était fini de toi. Il n'y avait rien à faire à part sourire niaisement.
Debbie Davis : Debbie a tenu pendant trois ans la guitare rythmique au sein du groupe d'Albert avant de faire carrière en solo..
''Il était mon mentor mais aussi ma source constante d'inspiration. Je lui montrais toujours mes nouveaux riffs ou mes nouvelles chansons ; albert est né dans le sud avant le mouvement pour les droits civiques ; il a grandi sans argent et sans famille qui puisse lui payer un instrument ou des leçons. Il a bossé très longtemps la journée pour être musicien le soir ; quand il a pu vivre de la musique, il l'a vraiment apprécié à sa juste valeur et en était reconnaissant. Cette gratitude transparaissait dans la chaleur de ses relations avec les autres.
Je n'avais jamais jamais joué dans un tel groupe avant. C'était énorme ! Il y avait tant d'énergie ! J'ai aussi observé comment Albert tenait le coup même quand la route devenait vraiment éreintante et dure, quoi qu'il en coûtât il trouvait toujours l'énergie pour le concert. Il sortait çà de ses tripes chaque soir. C'est ce qui m'a le plus frappé en travaillant avec lui, cette capacité à puiser tout au fond de lui-même et sortir au bon moment cette incroyable énergie.
Coco Montoya : ''Albert fut vraiment comme un père. Je dis souvent : j'ai eu deux pères et je suis béni pour çà. Les cadeaux qu'ils m'a offert sont l'âme, la compassion, la confiance en moi-même, la foi en la musique, et la persévérance. Je l'ai vu être fort dans l'adversité et je l'ai vu faible aussi''.
Sa première rencontre avec Albert remontait à 1971 quand Coco était allé voir le Buddy Miles Express au Whiskey'a-Gogo. Collins était dans le public et offrit à Montoya de l'emmener en coulisses pour rencontre les musiciens. Après le spectacle il est allé chez Albert, ils ont bu quelques bières, joué de la guitare aux dominos et parlé jusqu'à 6 heures du matin.
Lors de leur rencontre suivante Coco qui était alors batteur avait prêté sa batterie au groupe d'Albert et était devenu furieux en s'apercevant lors de son concert suivant qu'elle avait été installée différemment et pas remise en place. Au courant de l'histoire Albert avait appelé pour s'excuser et avait été si gentil que Coco leur avait laissé utiliser la batterie à nouveau.
Il était même allé les voir jouer et Collins l'avait invité à jouer avec eux.
Quelques mois plus tard Collins aura besoin d'un batteur, il se souviendra de Coco et lui proposera la place que ce dernier acceptera.
Il raconte que des années plus tard quand il tenait alors la guitare rythmique il lui suffisait de tourner le dos un instant et quand il faisait volte face il y avait un gars invité sur scène et Albert qui le regardait en lui disant '' je lui ai dit qu'il le pouvait''. Albert ne disait jamais non.
''C'était vraiment un être humain extraordinaire. Noir et issu d'un des coins les plus pauvres qui soient, il y avait peu de chances qu'il devienne l'homme qu'il a été, et c'est vraiment étonnat, composer avec le racisme qui a entouré sa jeunesse, comme pour chaque noir, et d'être l'homme qu'il était. Il aimait tout le monde. Il pouvait s'asseoir au bar après un concert et discuter avec les poivrots avec toute la patience du monde''.
Le témoignage de Coco Montoya est vraiment très émouvant mais aussi serait un peu long à traduire en intégralité, je vous retranscris donc cette dernière évocation.
''Quand j'ai quitté la formation d'Albet, je me suis installé à Seattle en pensant que ma carrière allait décoller. Je suis tombé de haut. Je me souviens d'Albert qui était venu en ville et lu et moi on discutait le bout de gras chez Denny's où on avait nos habitudes ; J'essayais de lu raconter des bobards ; J'étais un gamin, désorienté, sans un rond et je vivais dans mon van. Il m'a regardé et il a dit ''t'es juste un gars qu'il fait ce qu'il a à faire. Tout le monde fait des erreurs. Il a envoyé la main à la poche, m'a donné 200 dollars et m'a dit ''utilise cet argent pour rentrer chez toi et te refaire une santé pour reprendre pied.''
Eh les gars je vous ai trouvé un boeuf Albert Collins, alors accrochez vous, çà dépote vegra!
Bref en dehors d'être un bluesman exceptionnel, Monsieur Collins était vraiment un grand homme.
Pour sa discographie bien sûr Ice Pickin' chez Alligator.
J'ai un faible pour le live 92-93 avec les IceBreakers
Le Deluxe edition est une compil sympa pour aborder l'univers du master of Telecaster
enfin Showdown sur Alligator avec Robert Cray et Johnny Copeland qu'il enfume en toute amitié...
Mais pleins d'autres sont super...
Dans le prochain article je vous donnerai plus d'infos sur la reprise des conférences blues à Vitrolles en février.
D'ici là bonne écoute en compagnie de Monsieur Albert
Avant d'attaquer le sujet du jour un dernier rappel Pilogue se prduit live ce samedi 02 avril à 21h à Auriol pour la troisième Nuit du blues
Tarif 10 euros
RÉSERVATIONS: ECLA 04 42 72 82 74
Il y aura un entr'acte avec buvette, des invités surprises, franchement vous auriez tort de ne pas en
être...
Le vendredi 01 avril si vous êtes près du 04, Pilogue se produit au Kfé quoi, un super café musique à Villeneuve. Plus de renseignements ici link
Aujourd'hui nous allons parler un
peu des pianistes, une fois n'est pas coutume, et en particulier de Monsieur Sunnyland Slim.
Avec une longévité en rapport avec sa stature imposante, Sunnyland Slim est resté le patriarche adoré du Chicago piano blues longtemps après que la plupart de ses pairs aient disparu. Pendant plus de 50 ans, l'imposant Sunnyland a taquiné l'ivoire autour de la Cité des vents, jouant avec toutes les stars locales et en accompagnant la plupart dans les studios à un moment ou un autre.
Il est né Albert Luandrew dans le Mississippi en 1907, fils d'un prêcheur et petit-fils d'esclave, et a fait ses premières
armes sur un orgue d'église. Après avoir animé les juke joints et les cinémas du delta, Luandrew fit de Memphis son domicile à la fin des années 20, jouant dans les bars et traînant avec des
artistes tels que Little Brother Montgomery et Ma Rainey.
Il a adopté son pseudo évocateur (sunnyland = terre ensoleillée) d'après le titre d'une de ses chansons les plus connues, le
mélancolique "Sunnyland Train." (ce morceau lent immortalisait la vitesse et le pouvoir meurtrier d'une locomotive qui faisait St. Louis / Memphis et qui faucha beaucoup de malheureux qui
traversaient les rails au mauvais moment).
Slim partit pour Chicago en 1939 (brrr!) et tint boutique comme pianiste de session, jouant pendant un temps avec John Lee "Sonny Boy" Williamson avant de graver huit faces pour RCA Victor en 1947 sous l'appellation trompeuse de "Doctor Clayton's Buddy."
Sans l'aide de Sunnyland, Muddy Waters n'aurait sans doute jamais conclu avec Chess; c'est à
une session du pianiste en 1947 pour Aristocrat que les frères Chess firent la rencontre de Muddy.
Aristocrat (qui sortit son déchirant "Johnson Machine Gun") n'était qu'un label parmi d'autres pour lesquels Sunnyland enregistra entre 1948 et1956: Hytone, Opera, Chance, Tempo-Tone, Mercury, Apollo, JOB, Regal, Vee-Jay (inédit), Blue Lake, Club 51, et Cobra ont tous organisé des sessions avec Slim, dont la voix résonnait avec autant d'autorité que ses 88 touches.De plus, son jeu bien particulier agrémente des centaines d'enregistrements d'autres artistes à la même époque.
Il a joué avec JB lenoir, Little Brother Montgomery, Otis Rush, JB Hutto, Big Walter Horton entre autres.
De g à dr: Big walter Horton (harm), Floyd Jones(guit, chant), Sunnyland (avec le chapeau) et Big Joe Wiliams (guit, chant) sans doute en tournée car la mine épuisée...
En 1960, Sunnyland Slim se rendit à Englewood Cliffs, NJ, pour enregistrer son premier album chez Bluesville, la filiale de Prestige, avec King Curtis au sax ténor sur plusieurs titres.L'album, Slim's Shout, est un de ses plus accomplis, avec quelques unes de ses meilleures interprétations de "The devil is a busy man''
"Shake It," "Brownskin Woman," et "It's You Baby."
Comme un arbre profondément enraciné, Sunnyland Slim persévéra en dépit des décades qui s'accumulaient. Pendant un temps il fut à la barre de son propre label, Airway Records. Encore en 1985, il
a fait une belle prestation pour le label Red Beans , Chicago Jump, soutenu par le même orchestre qui partagera la scène avec lui tous les Dimanche soirs dans un club en vogue du North side
appelé B.L.U.E.S. pendant presque 12 ans..
Il y a eu des moments avec de sérieux problèmes de santé, mais il a toujours défié le sort et recommencé à jouer, avec sa
marque de fabrique, ce gloussement à la Woody Woodpecker et balançant des slow blues comme il l'avait toujours fait depuis près d'un demi-siècle. Finalement après une chute calamiteuse sur la
glace en rentrant d'un concert qui entraîna de nombreuses complications, Sunnyland Slim mourra d'une défaillance rénale en 1995. Il manque au blues.
Introduction de Sonny Boy Williamson (Rice Miller) avec Hubert Sumlin à la guitare (présenté comme Little Hubert par taquinerie) et Willie Dixon à la contrebasse.
Il y a pas mal d'albums en écoute sur Deezer alors faites votre choix avant d'acheter.
A bientôt
sources: les genies du blues Ed Alpha
Encyclopédie du blues, Gérard Herzhaft
http://www.mapleshaderecords.com/artists/sunnyland_slim.php
http://www.independent.co.uk/news/people/obituary--sunnyland-slim-1612090.html
http://www.answers.com/topic/sunnyland-slim-1
http://www.allmusic.com/artist/sunnyland-slim-p125997/biography
Combien d'artistes de blues sont restés au meilleur niveau après plus d'un demi-siècle de carrière? Celui qui vient immédiatement à l'esprit c'est Charles Brown. Son incroyable talent de pianiste et son chant tout en ''coolitude'' (barbarisme piloguien) sont tout aussi étonnants à la fin de sa vie qu'ils l'étaient en 1945, quand l'innovant "Drifting Blues" avec les Three Blazers et le guitariste Johnny Moore inventa un genre complètement nouveau de blues pour les fêtards sophistiqués de l'après-guerre: un son ultra suave, orienté jazz, idéal pour siroter une libation tadive dans quelque bar pour couche-tard. La formation en trio de Brown influença énormément tout un tas de disciples comme Ray Charles, Amos Milburn et Floyd Dixon pour ne citer qu'eux.
Brown présenta un blues donc urbain et élégant mais qui n'a jamais manqué de substance. Et ses meilleures chansons ont une charge émotionnelle
qui peut rivaliser avec n'importe quel titre du catalogue de John Lee Hooker.
Charles Brown est né à Texas City, Texas en 1922 et commença à étudier le piano classique à 10 ans. Après avoir entendu le grand Art Tatum, Charles
se jeta dans le jaz et le blues. Tatum, selon les explications de Brown, était le premier pianiste qu'il ait entendu combiner la richesse et la dynamique de la musique classique avec le blues et
le jazz qui était tout un morceau de l'enfance de Brown au Texas. Plus encore, Tatum apportait une sophistication au blues que Charles souhaitait adopter avec sa propre sensibilité.
Brown obtint un diplôme en chimie et enseigna, avant de s'installer à Los Angeles en 1943. Il est engagé par le guitariste Johnny Moore, dont le frère Oscar Moore était le guitariste novateur du Nat "King" Cole Trio. Johnny formait son propre trio,The Three Blazers avec le bassiste Eddie Williams.
Ils s'inspiraient du trio de Nat "King" Cole mais présentaient une sonorité plus blues au sein de leur répertoire.
La carrière de Brown fut lancée par un titre bien éloigné du Nat King Cole songbook. Johnny Otis qui était à la batterie pour cette session raconte: '' Au départ Charles ne souhaitait pas enregistrer ‘Driftin’ Blues’ car il était basé sur un gospel que sa grand-mère lui avait appris. On s'est battus pour le convaincre qu'il n'y avait pas de mal à transformer un gospel en une histoire d'amour en blues''. Quand il donna finalement son accord, il mit tout son coeur dans le disque -pas à la Nat King Cole- avec le style profond et plein d'âme que rapidement les jeunes chanteurs de R&B essaieraient de copier.
Avec Brown comme chanteur et pianiste, le "Drifting Blues" pour Philo Records resta dans les charts R&B pendant 23 semaine, pointant même en numéro 2.
Le musicologue anglais Hugh Gregory souligne bien l'apport de Driftin’: “…il rendit le blues cool – il n'allait plus être associé uniquement à des péquenots du deep south''. On peut discuter la forme de l'assertion mais le fond est réaliste.
Les enregistrements ultérieurs pour Exclusive et Modern (dont "Sunny Road," "So Long," "New Orleans Blues," et leur classique immortel de 1947 pour Yuletide "Merry Christmas Baby") maintiendont les Blazers dans le top des hits R&B de 1946 jusqu'à 1948 et le départ de Brown pour une carrière solo.
Si c'était possible, Brown allait avoir encore plus de succès en solo. Il signe avec le label d'
Eddie Mesner, Aladdin, et va se retrouver dans le top ten du R&B pas moins de 10 fois de 1949 à 1952, proposant toujours un son délicatement plaintif, arrangé sobrement pour les hits "Get
Yourself Another Fool," "Trouble Blues" et "Black Night," et "Hard Times."
Malgré une excursion en 1956 pour La Nouvelle Orléans pour enregistrer avec le groupe maison des studios Cosimo, l'approche suave de Brown ne put faire la transition avec les rythmes plus rocks, et il perdit rapidement sa popularité nationale(mise à part la sortie de son autre éternel classique en 1960 "Please Come Home for Christmas," sur le label).
Les années 60 et 70 vont voir plusieurs importants blues revivals, mais aucun ne collera avec Charles. Les sons plus durs et électriques de Chicago et du Texas accaparèrent les fans de rock, pendant que le rugueux son du Delta captait l'attention du marchéde la folk music. Alors que le public jazz trouvait Charles trop blues, les fans de blues ne le jugeaient pas assez ''authentique''.
Il enregistrait encore mais ne vendait pas beaucoup.
Les années 80 vont finalement voir arriver une nouvelle génération d'auditeurs, attirés vers sa musique par plusieurs rééditions sur le label Suèdois Route 66 et plus particulièrement par la prestation de Charles au Tramps, un night club de New York. Les concerts, avec Billy Butler à la guitare, vont attirer à nouveau l'attention de la presse sur Charles qui aura un bel article dans le NEW YORK TIMES.
One More for the Road, un album enregistré en 1986 pour le label à courte existence Blue Side, prouvait à tous (les sourds exceptés) que les talents de Brown ne s'étaient pas évanouis pendant tout ce temps (le disque devait ressortir plus tard chez Alligator).
Bonnie Raitt apprécia le retour de Charles et l'emmena en tournée avec elle en première partie(présentant ainsi le blues à une ou deux nouvelles générations de fans). Sa carrière discographique décollait à nouveau, avec une série d'albums pour Bullseye Blues (le premier d'entre eux, en 1990, All My Life, est particulièrement réussi), et plus récemment, un disque pour Verve.
Pendant ses dernières années, Brown reçut finalement une partie de la reconnaissance qu'il méritait pour être depuis si longtemps un pionnier du
rhythm and blues. Mais le suave et élégant Brown n'était en aucun cas une antiquité comme peuvent en témoigner tous ceux qui l'ont vu jouer des boogies endiablés; il fit un dernier disque en 1998
avec So Goes Love avant de décéder le 21 janvier 1999, à l'âge de 76 ans.
Quelques vidéos pour mieux comprendre le bonhomme
Et un bad bad Whiskey bien enlevé
Pour choisr un cd, allez sur Deezer et prenez le temps d'écouter, il y a le choix; Quelques uns de mes titres favoris: Black night, Driftin' blues, bad bad whiskey, trouble blues, I cried last night, These blues...
a bientôt
http://rubbercityreview.com/2010/09/charles-browns-blues/