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26 mars 2008 3 26 /03 /mars /2008 22:40
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Devenir musicien selon Maceo Parker

 

Cet extrait d'une interview de Maceo Parker, génial saxophoniste (voir liens plus bas) à la magnifique carrière, parue dans le mensuel Xroads numéro trois, est un véritable concentré de sagesse. Je vous en livre les meilleurs passages avec quelques commentaires personnels ensuite.


 

 

«Quand une personne, n'importe laquelle, fille ou garçon, gamin ou vieillard, choisit un instrument dont il a envie de jouer, quelle que soit la raison ou l'instrument, piano, saxophone, guitare...,il choisit aussi le style qu'il va imposer à l'instrument. Dès lors que tu as fait ce choix, , il faut aussi pouvoir faire plaisir à des gens avec ton instrument. Si tu arrives à donner du plaisir à quelqu'un avec ton instrument, tu as tout compris au truc, man! Sur le fond, il n'y a pas de différence entre être connu ou pas. Le fait d'être connu te permet de donner du plaisir à davantage de gens au même moment, mais sur le fond c'est la même chose...Tout est une affaire de talent en fait. Le talent c'est Dieu qui te le donne. Tout dépend ensuite de ce que tu en fais ou d'une étincelle que tu as ou pas. Certaines personnes ne savent pas qu'elles ont du talent et passent à côté de quelque chose de fort. D'autres le savent mais sont fainéantes et ne travaillent pas. La première chose est de savoir si tu as ou non du talent pour quelque chose et ensuite il faut essayer de voir ce que tu peux en faire. Moi, j'ai su assez vite que j'étais fait pour ce métier, alors je m'y suis donné à fond, sans me poser davantage de questions, je me suis laissé porter par les évènements. J'avais juste envie de faire ma propre musique, et de donner envie aux gens d'écouter ma musique, qui est le reflet de ce que je suis, de ce que j'ai écouté en étant plus jeune.

 

Tous les jours pendant trois heures je joue du sax, que je sois sur scène le soir ou pas. Je pense que tous les musiciens professionnels font de même.C'est facile pour moi de faire de la scène comme je le fais, tout simplement parce que j'ai choisi de le faire. J'aime ce que je fais. Ce n'est pas comme quand tu joues dans un groupe à l'école, tu as des tas de trucs auxquels tu dois penser. Je dois aller à l'école, puis faire mes devoirs, décrocher un diplôme, trouver un boulot, fonder une famille. Tu as toujours quelque chose à l'esprit qui t'empêche d'être libre et de te consacrer pleinement à la musique.Et puis aussi parfois tu as les parents qui forcent le gamin à faire de la musique ou à jouer de tel ou tel instrument. Le gamin, lui, n'est pas toujours sûr d'en avoir envie. Moi, c'était le contraire, il fallait me demander d'arrêter de jouer, car je jouais tout le temps. Le truc, c'est d'aimer ce que tu fais. Quand tu as choisi de faire de la musique un métier, alors tu t'y consacres à fond, c'est différent.»

 

 

Je voudrais faire quelques commentaires en liaison avec mon activité de musicien et de pédagogue.


«Choisit un instrument dont il a envie de jouer», deux choses importantes et qui à mon avis détermineront fortement la réussite d'un cursus pédagogique ou musical; d'abord le choix, et Maceo y revient un peu plus loin, l'imposition d'un instrument par les parents risque de compromettre fortement le goût futur pour la musique de l'élève débutant; ensuite l'envie d'en jouer, on peut adorer le rock et les guitares sans forcément ressentir l'envie, voire le besoin d'en jouer.

A titre personnel et compte tenu des moyens pédagogiques dont nous a doté le progrès technique (méthodes audio, vidéo, enregistrements etc) je pense qu'il vaut mieux commencer la musique en tout cas l'apprentissage sur un instrument un peu tard (13 ou 14 ans) mais avec une vraie motivation plutot que d'aller au cours d'instrument comme on va à l'école ou au collège avec une routine scolaire sans véritablement d'envie marquée.


«il choisit aussi le style qu'il va imposer à l'instrument». Cela rejoint ce que j'écrivais plus haut. Si on est capable de dire,«c'est çà que j'aime, je veux jouer comme çà» tout est plus facile à la fois pour le prof et pour l'élève. L'organisation du cours se met en place en fonction des objectifs, les difficultés sont mieux vécues si on sait où on va.

Je vous cite de mémoire cette maxime (oui je peux moi aussi faire mon Dédé Manoukian) d'un philosophe grec dont j'ai oublié le nom: «Nul vent ne sera favorable au marin qui ne sait vers quel port se diriger».


«Il faut aussi pouvoir faire plaisir à des gens avec ton instrument». Musique et sexualité... Blague à part, cette notion est capitale et à la base d'une véritable musicalité; je dis musicalité et pas virtuosité ou technicité. Dire sans cesse qu'on joue pour soi et seulement pour soi (sexualité encore), c'est restreindre dramatiquement le champ d'action de la musique.Jouer ce qu'on aime , et Maceo insiste, c'est la base, mais ne jouer qu'enfermé dans sa chambre et sans jamais le partager avec personne reflète une grave tendance à l'autisme. Ensuite et inversement être persuadé que dès qu'on va jouer les gens vont tomber en pâmoison (joli non?) me semble narcissique à l'extrême.Pour Maceo le but à atteindre c'est donner du plaisir aux autres en en ayant soi-même (dernière parenthése sexuelle).

 

Maceo parle ensuite du talent donné ou pas par Dieu (par l'Adn pour d'autres, par le contexte de la petite enfance pour d'autres encore, chacun ses croyances).

Il précise ensuite au sujet des personnes qui auraient du talent, « D'autres le savent mais sont fainéantes et ne travaillent pas». Mon conseil est le suivant; si vous ne savez pas si vous avez du talent, au moins travaillez en attendant la révélation.

 

«J'avais juste envie de faire ma propre musique, et de donner envie aux gens d'écouter ma musique, qui est le reflet de ce que je suis».

On peut être quelqu'un de très réservé dans la vie, un piètre communiquant, et illuminer l'espace lorsqu'on joue sa musique (ou celle qu'on aime) et se révéler alors vraiment à son entourage, son public...

 

«Tous les jours pendant trois heures je joue du sax, que je sois sur scène le soir ou pas.». Si vous avez des questions sur combien de temps il faut jouer pour devenir vraiment bon, arrêtez donc de me les poser maintenant.


Suit ensuite un paragraphe très réaliste sur les contraintes que fait peser la vraie vie sur nos envies musicales.

Je vous rassure, pour la majorité des musiciens, elles seront toujours très fortes et les évacuer pour privilègier une éventuelle carrière entraînera souvent des vies familiales difficiles ou jamais abouties(voir les divorces des musiciens pro et récemment l'affaire Mc Cartney).

Néanmoins pour celui qui décide de faire de la musique son métier il faudra faire des choix et les assumer et c'est vrai qu'il vaut mieux faire ces choix pas trop tard, car avec l'âge et les contraintes familiales tout devient plus difficile...

Il vaudra mieux aussi quel que soit son niveau en tant qu'instrumentiste croire en son talent (on peut être piètre technicien et génial auteur-compositeur).

 

Je finis avec cette dernière citation:«Le truc, c'est d'aimer ce que tu fais. Quand tu as choisi de faire de la musique un métier, alors tu t'y consacres à fond».


Le débat est ouvert sur le sujet , donnez-moi votre sentiment et surtout écoutez Maceo, c'est de la bombe.

 

http://www.youtube.com/watch?v=JawQn7gKdJo tout de suite, tout de suite, vite, incroyable, quelle version, de la guitare sublimissime, du groove, imparable!

http://www.youtube.com/watch?v=YJmIN8RNBUg

http://www.maceo.fr/ pour la bio

http://www.youtube.com/watch?v=FR41cXuUfPg

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