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6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 00:00

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 Avant que vous vous plongiez dans la bio du Chief, petits rappels et infos;

Ce vendredi 11 février à 18h30 à l'Espace Culture et Loisirs d'Auriol, Moulin St Claude, première des trois conférences sur le blues, des premiers esclaves aux premiers bluesmen. Paf: 3 euros

Ensuite Vendredi 04 mars au Cinéma Les Lumières à Vitrolles, à 20h30, soirée Ciné-concert avec projection du film de Martin Scorcese, Du Mali au Mississippi et concert blues de Pilogue en trio(acoustique et électrique), 100 ans de blues en 100 mn.

Plus de détails (prix, contacts, dans un prochain aricle).

 

La semaine prochaine début d'une rubriques chroniques de cd pour vous présenter des artistes contemporains et des disques récents.

 

 

 

En 1963, un producteur local, Al Smith, qui serait plus tard le boss des Glow Star Records, attira l'attention du manager des  USA records, Paul Glass, sur Eddie. Mr Glass avait un studio dans le Chicago’s South Side avec son associé , Lee Rothman.

 

USA records (1961-67) était sans contexte le dernier refuge des bluesmen de Chicago, les goûts du public se tournant toujours plus vers la soul. On aurait dit que tous les survivants, les grandes figures de l'âge d'or du blues avaient atterri là-Willie Mabon, Junior Wells (amené par Mel London), Mighty Joe Young, Detroit Jr., J.B. Lenoir, Koko Taylor, Homesick James, Billy “The Kid” Emerson, Lonnie Brooks, Fenton Robinson, T.V. Slim, et même Elmore James. Malgré tous ces artistes au catalogue, Glass n'obtiendra qu'un hit national et ce sera un titre pop par les  Buckinghams, “Kind Of A Drag (860)” in 1966.

 

 

 

 

 

Comme Eddy allait l'apprendre à ses dépens, si les années 60 furent mauvaises pour le blues, les 70 seraient pire. “Si la soul ne nous avait pas abattu, le disco nous a achevé'' raconte Eddy. Non seulement la seconde génération de bluesmen décédait à tour de bras comme Little Walter Jacobs (à 37 ans en 1968), Magic Sam Maghett (à 32 ans en 1969),et Otis Spann (à 40 en 1970), tous sans doute brûlés par la vie dangereuse de Chicago (West et southside)  

 

 

 

 

De plus beaucoup des anciennes stars allaient quitter la ville pour être mieux accueillies ailleurs , reconnues comme des héros du blues. Un des amis d'Eddy était Luther Allison qui comme Magic Sam avait élu domicile au renommé L&A Lounge avant d'aller habiter à St Cloud à Paris. 

 

 

D'autres allaient s'expatrier comme Willie Mabon, qui allait s'installer également à paris en 1972, Champion Jack Dupree et Louisiana Red qui partiraient tous deux pour Hanovre en Allemagne, Memphis Slim qui irait d'abord à Lyon puis à Paris et le pianiste Eddie Boyd qui, après un passage en Belgique, s'installerait définitivement à  Helsinki, Finlande. Un autre jeune guitariste d'origine turque,  Jimmy “Fast Fingers” Dawkins,trouverait aussi l'herbe plus verte au-delà des océans pour collaborer avec Jimmy Johnson et Hubert Sumlin en 1976.

Le voici au cours d'un concert en macédoine en 1991


 


 

Et  Eddy parle avec émotion du New Morning de Paris  comme sa seconde maison, y ayant joué au moins une demi-douzaine de fois.

 

 

Mais à Chicago, les choses se dégradaient rapidement. Il n'y avait plus beaucoup de bluesmen pour tenir le siège; peut être Eddie Shaw avec son propre club, le 1815 Club, ou Otis Rush, dont le quartier général était depuis longtemps au  Mel’s Hideaway . Et même ceux qui restaient comme  Freddie King, qui joua longtemps au  Squeeze Club , devaient rendre les armes (une crise cardiaque à 42 ans en 1976). Ou Howling Wolf qui succomba de la même manière cette année-là.

 

Dès qu'il y avait une date libre dans un club, quel que soit son style, Eddy se portait candidat à la programmation. Si les clubs en ville étaient complets il ratissait la banlieue et les petites villes alentour pour trouver du travail. Eddy se souvient de chacune de ces dates et peut citer ses musiciens, les morceaux joués ce soir là, et même l'adresse du plus petit lieu au trou du cul du loup dans lequel il se soit produit.

 

Eddy travaillait grâce à son goût pour Chuck Berry; ''J'ai eu un tas de dates grâce à çà. Les gens disaient, eh bien, ok, s'il sonne comme Berry, on le prend. c'est pour çà que j'ai bossé en banlieue, parce que les gens m'associaient toujours à Chuck. Avant que le blues ne devienne populaire dans le Northside, j'ai aussi joué dans un tas de bars country et rockabilly''.

Il se souvient tout spécialement du soir où il a rencontré son idole, Chuck Berry. ''je crois que c'était en 68 et j'avais un contrat avec le Manor Lounge sur Manheim road à Stone Park avec les Jesters au même programme.

 

The+Jesters

“Le patron m'a dit, vient derrière, je vais te présenter Chuk Berry, et il se marrait. alors je suis allé derrière et il m'a amené dans les loges. Et Chuck était là qui se retourne me voit et dit''Oh mon Dieu, j'ai eu l'impression de me voir dans un miroir.. On a passé une bonne soirée ensemble à rigoler;''

 

Mais enregistrer était devenu difficile. Depuis que les labels du coin comme   Chess, Vee-Jay,et U.S.A.cessaient leur activité où se concentraient sur les artistes soul. Eddy va avoir recours à un vieil ami, le tonton Houston harrington, qui gérait toujours, bien que de manière chaotique, Atomic-h Record. A cette époque, les enfants de Harrington, Joe à la basse et Vernon à la guitare soliste nommés les “Atomic Souls,” rejoignaient souvent Eddy sur scène. Après six ans d'absence en studio, Eddy sort en 1969 “Doin’ The Model ” et “I Don’t Know Why (106)” en tant qu' Eddie Clearwaters. Et bien que la production engeât des stars de Chicago comme  Mack Thompson à la basse et  Mighty Joe Youngà la guitare, le single n'accrocha pas , sans doute à cause d'un enregistrement rudimentaire.

Il faut toutefois noter qu'au même moment, Mighty Joe Young trouvait la gloire en interprétant la guitare mordante qui accompagne le hit soul de Tyrone Davis, “Can I Change My Mind” sur le label du cru, Dakar records.

Même que je vous ai déniché l'original sur you tube et pas tous les  ré-enregistrements ultérieurs.

 

 


 

 

 

 

Il y eut ensuite la rencontre avec le pianiste  Bob Riedy, qu'Eddy accompagna sur un album pour le label  Flying Fish, en 1975 et avec qui il se produisit au  Zoo Bar à Lincoln, Nebraska.

 

zoo bar

 

Personne ne semble savoir ce qu'est devenu Riedy, qui, après avoir été une figure de la scène blues des mid seventies semble avoir disparu purement et simplement.

 

 

Eddy faisait partie des survivants du West Side, ayant quitté le rude Southside dans les années 70 après y avoir passé la plupart des années 60. 

De façon étonnante, quand le blues à Chicago était au plus bas, Eddie, non seulement arrivait à peu près à joindre les deux bouts mais n'était pas obligé de prendre un job de jour pour payer les factures.“Je crois qu'au début des années 70 j'ai bossé dans une zone industrielle pour Harmony Music Company. Ils fabriquaient des guitares acoustiques. J'ai du rester seulement deux mois''. Mais une occupation non salariée à cette période de temps fut de reprendre le contrôle de Atomic-H records à son oncle, car, sous la houlette du bon révérend, la boîte allait lentement vers sa fin.

 

H1302_Cremona_II_1938_03.jpgUne guitare fabriquée par Harmony Guitars à Chicago, modèle 1938

 

 

Ironiquement, bien que les concerts de blues dans la Cité des vents disparaissent peu à peu et que les noirs dédaignent les nouveautés de ce style de musique, un nouveau public  (pour la plupart blanc et cultivé) se fait jour pour le blues, à la suite du renouveau folk des années 60. Et de jeunes entrepreneurs de Chicago comme  Bruce Iglauer avec Alligator, Bob Koester et Delmark, et plus tard  Jim O’Neal et Rooster Blues étaient désireux de prendre le risque de s'attaquer à ce nouveau marche de fans purs et durs.

 

Bob Koester, qui enregistra plusieurs extraordinaires albums des grands du Chicago blues à cette époque, dont ceux par  Magic Sam, J.B. Hutto, Junior Wells, Luther Allison, et Otis Rush, ressortit également de plus vieux titres comme les faces gravées par Junior Wells chez  States au début des années 50.

 

 

En 1972, il contacta  Eddy pour une compilation de titres du label de son oncle, Houston Harrington, comprenant non seulement les débuts de Eddy mais aussi ceux du saxo de Elmore James, J.T Brown, du pianiste  Sunnyland Slim (Albert Luandew) dont nous parlerons très bientôt sur ce blog, des guitaristes  Jo Jo Williams et Morris Pejoe, et d'un obscur  Harmoniciste George Robinson.

Bien que  Houston Harrington soit crédité en tant que superviseur du projet, Eddy prétend avoir mené les négociations avec Koester, qui est cité comme producteur.


Eddy 33 tours

 

 

 

 

 

Quoi qu'il en soit, loin des polémiques, Chicago Ain’t Nothin’ But A Blues Band (#624)est une compilation significative en ce que non seulement elle illustre toute l'histoire d'une maison de disques(qui sans cela aurait très certainement disparu corps et âme) mais de plus présente pour la première fois Eddy sur un album longue durée avec  “I Don’t Know Baby,” “A-Minor Cha-Cha,” and “Hillbilly Blues,” un total de trois titres, qui allaient l'aider à rencontrer un public différent.

 

 

Malheureusement, les choses ne se passaient pas très bien à Atomic-H. Des frictions apparaissaient entre l'oncle plutôt relax et mollasson et son neveu qui de manière compréhensible voulait développer sa propre carrière sur disque.“Pour éviter des querelles de famille sérieuses, j'ai crée mon propre label au début des années 70,  Cleartone, et j'ai réalisé alors mes propres 45tours'' dit Eddy, un des rares bluesmen qui ait eu la prévoyance d'établir également sa propre maison d'édition,C-Tone (Cleartone), BMI.

 

 

Un autre intervenant actif une paire d'années plus tard sera  Ron Bartolucci de Baron Records, basé à  Melrose, Massachussetts. Bien qu'il n'ait jamais mené d'opérations d'envergure, Bartolucci, peut-être en profitant de la perte de popularité du blues, assembla avec un minimum d'investissement personnel, un casting plus qu'honnête pour inaugurer son label, averc la légende du rockabilly,  Sleepy LaBeef, J.B. Hutto & the House Rockers, Sugar Ray(Norcia) & the Bluetones, et Guitar Johnny(Nicholas) & the Rhythm Rockers (avec Sarah Brownau chant).

 

Mais qui est la légende du Rockabilly "Le boeuf qui dort"? le voici avec une vidéo un peu crade mais en live en 1992 et une version de Big Boss man, allez roule ma poule...

 

 

 

Mister Bartolucci s'était spécialisé en ramassant du matériel pré-existant 'comme dans le cas d'Eddy) et en l'éditant sous son nom. N'ayant rien à perdre, Eddy lui vendit l'équivalent d'un 33 tours de ses récentes productions (incluant l'accompagnement d'une formation de vieilles gloires  de Chicago-le batteur  Casey Jones, guitariste Jimmy Johnson, et saxo tenor Abb Locke). Bartolucci, qui préférait les singles, sortit les titres dans la lignée du Chuck Berry sound, “2 X 9” et “Came Up The Hard Way” ref Baron # 5145 sur un vinyl rose et l'incorpora aussi dans une compilation A Little Bit Of Blues, A Little Bit Of Rock and Roll.

 

 


Selon Eddie,  Charly records (un celèbre label spécialisé dans les rééditions) d'Angleterre conclut un deal avec Bartolucci pour la distribution sur le vieux continent. Mais tous ces titres finiront en France chez New Rose en 1981 sous l'appellation  Two Times Nine. Bien que le 45 tours coloré n'ait pas récolté un succès commercial(sauf auprès des collectionneurs) il a permis à Eddy de revenir sous les feux des projecteurs.

 

two times nine

 

 

En fait, en 1977,  Bob Koester  fit le pari d'un album qu'Eddy pourrait véritablement appeller sien. Et l'histoire démarrait bien. Enregistré dans le nec plus ultra des studios,les  Paul Serrano’s PS Studios à Chicago, supervisé par nul autre que le grand  Ralph Bass, l'homme à tout faire (Directeur artistique, producteur, arrangeur, auteur) pour la maison Savoy de Herman Lubinsky (Johnny Otis, Little Esther, Mel Walker, H-Bomb Ferguson, Big Jay McNeely, etc.) de Newark, New York, également de Federal Records de  Syd Nathan (Platters, Midnighters, Lamplighters, Billy Ward & the Dominoes, James Brown, etc.) de Cincinnati, avant d'avoir rejoint les frères  Chess, Leonard and Marshall, pour jouer le même rôle à la fin des années 50, supervisant tous leurs enregistrements de blues et gospel. En plus, certains des meilleurs musiciens que pouvait offrir  Chicago notamment l'énigmatique  Bob Riedy et l'harmoniciste Little Mack Simmons furent engagés pour donner un coup de main à la production, qui comptait bien faire d'Eddy un bluesman avec qui il allait falloir compter.

 

 

Malheureusement il n'aurait pas pu sortir à un moment plus défavorable pour les ventes de blues. Tout le monde était prisonnier de la phase Saturday Night Fever de la folie disco qui envahissait le pays. Et personne, absolument personne n'achetait de disques de blues; aussi Koester après réflexion, décida de ne pas sortir les bandes.  Mais ces prises représentaient trop de choses  pour ne jamais voir la lumière du jour. Elle sresteront toutefois dans la cave pendant à peu près deux décennies, avant d'être finalement éditées en  Boogie My Blues Away en1995 chez Delmark (#678).

 

boogie my blues

 

Trois décennies comme musicien professionnel et toujours pas d'album, il y avait de quoi être déçu.

Notre ami va-t-il enfin réussir à sortir un disque digne de ce nom?
Son talent et sa persévérance seront-ils enfin récompensés?
Vous le saurez en lisant la troisième  partie de cet article consacré à Eddy ''The Chief'' Clearwater

 

 

Sources
Les génies du blues, Editions Atlas
http://www.eddyclearwater.com/bio.html
http://www.bluesart.at/NeueSeiten/2004%20E.CL01.html
http://www.allmusic.com/artist/eddy-clearwater-p311/biography
http://www.alligator.com/index.cfm?section=artists&artistID=158
http://www.mswritersandmusicians.com/musicians/eddy-clearwater.html
http://www.knopps.com/CTEddyClearwater.html
http://www.billdahl.com/Pages/feat_clearwater.html
http://avaxhome.ws/music/rock/eddy_clearwater_reservation_blues.html
http://blues.about.com/od/artistprofile1/p/EddyClearwater.htm

 

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